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Ilaria Gaspari : « Et si nous profitions de ce moment pour réactiver l’idée grecque du bonheur ? »

Philosophe et romancière italienne, Ilaria Gaspari a publié Leçons de bonheur (PUF, 2020), une suite d’exercices de philosophie appliquée qui relate la façon dont les préceptes des écoles de sagesse antique peuvent nous aider à surmonter les ruptures et les blessures de la vie. Elle explique aujourd’hui au Monde comment ces pensées nous permettent d’appréhender les tourments et les élans d’une existence perturbée par la pandémie de Covid-19.

Comme d’autres pays, la France lève une partie des restrictions liées à la crise sanitaire. Comment appréhender cette joie et ces bonheurs retrouvés, qui restent malgré tout très conditionnés ?

Comme Socrate le dit dans le Phédon, le plaisir naît aussi de la cessation d’une douleur. En d’autres mots, rien n’est plus agréable que le soulagement… Et je crois qu’il s’agira, justement, d’un moment d’apaisement que nous avons longtemps attendu. Ces choses que nous considérions auparavant comme presque banales, boire un verre en terrasse, obtenir un sourire, écouter des conversations voisines, sortir avec nos amis, aller manger au bistrot, vivre à côté les uns des autres… Après cette interminable interruption, elles reviendront comme neuves. Et je dois bien l’avouer, j’ai hâte de vivre ce moment.

Y a-t-il une attitude philosophique qui pourrait nous préparer à ce soudain « excédent » de plaisirs ?

Bien sûr ! Toute la philosophie antique, dans un certain sens, est une éducation à la modération, un principe que nous avons perdu de vue, mais qui pourrait bien nous aider à présent. Ce que je vais tenter de faire chaque matin, c’est sonder quels sont mes besoins selon la prescription d’Epicure : me demander pour chacun de mes désirs éveillés à quelle catégorie il appartient. S’il s’agit d’une nécessité, d’un besoin naturel voire impérieux ou bien, au contraire, si je ne cours pas le risque de le subir – de devenir « esclave » de ce nouveau plaisir et de développer ainsi une dépendance. Je sais déjà que ce ne sera pas facile, mais ce moment, cet événement à venir, me semble être une bonne occasion pour se mettre à l’épreuve et se prêter à un nouvel exercice spirituel.

Lire la critique :Article réservé à nos abonnés« Leçons de bonheur », d’Ilaria Gaspari

Pourquoi êtes-vous allée chercher du côté des penseurs grecs de l’Antiquité les moyens de survivre au désespoir ?

Après une rupture amoureuse douloureuse, j’ai décidé de me mettre à l’école des philosophes grecs, en suivant leurs règles parfois mystérieuses de conduite de vie. Après avoir étudié la doctrine de six écoles antiques différentes ainsi que les vies des maîtres, j’ai essayé de suivre pendant six semaines leurs préceptes : j’ai été successivement pythagoricienne, éléate, sceptique, stoïcienne, épicurienne et finalement cynique. Mon ambition, c’était de perdre les automatismes et habitudes quotidiens afin de me réorienter et de changer l’idée que je me faisais de la vie.

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